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Les Mots d'Ève
27 septembre 2021

Reflexions

Il y a quelques temps, j'ai eu une discussion intéressante ( tendue, surprenante, je ne sais ...) sur le contenu de mes listes de lecture.
Je vous explique !

Lors d'un atelier en une journée ensoleillée, nous abordions le vaste thème de la famille.
Avec l'aval de la responsable de l'établissement, j'ai abordé la famille dans toute sa diversité à savoir un papa, une maman, un parent seul, deux papas, deux mamans et puis bien sur tout le reste du clan les frères, les soeurs, les grands-parents, bref la totale.
Dans certains lieux où je sévis, nous avons une sorte de petit temps de discussion entre adultes professionnels pour que je puisse expliquer mes choix d'albums et pour répondre à des questions sur la pratique du livre et sur la littérature jeunesse.

Me voilà donc en fin de séance en train de mettre en avant mes albums préférés dont Mes deux papas (de Juliette Parachini-Deny et Marjorie Béal aux éditions Tom Poche) et Tango a deux papas et pourquoi pas (de Béatrice Boutignon aux éditions Le Baron Perché) quand une professionnelle m'assène qu'elle ne se voit pas lire ça. Que ça n'a pas d'intérêt dans son quotidien, qu'elle ne voit pas pourquoi elle devrait avoir ça dans sa bibliothèque.

Alors pour être honnête, en moins d'une seconde je me suis sentie crispée et j'ai failli me mettre sur la défensive mais ça aurait été oublier mon devoir de pédagogie.

L'autre sujet que je souhaitais aborder ce jour-là avec ces dames était de ne jamais se forcer à lire quelque chose si elles ne s'y retrouvaient pas. 
Et donc j'ai pu faire d'un pierre deux coups. Je vous livre ici mon point de vue :

A mon humble avis, la littérature jeunesse est un reflet de la société actuelle et cette société avançe que cela plaise ou non.
Les albums jeunesse proposent maintenant de beaux albums sur les familles homoparentales et mon devoir de médiatrice du livre est de proposer ces albums mais bien-sur libre à chacun de les lire ou pas. Ils sont dans mes bacs de livres, ils figurent dans mes bibliographies parce qu'ils font partie de l'offre éditoriale mais le choix final appartient au lecteur. Il ne s'agit pas de militantisme forcené.

Par ailleurs la lecture à des enfants ne doit pas se faire à contre-coeur ou en tous les cas le moins possible et si un album heurte notre philosophie libre à nous de ne pas l'acheter ou l'emprunter. Si un album réveille des douleurs personnelles, on peut expliquer à l'enfant que pour l'instant on ne se sent pas encore prêt à lire cet album. Un livre lu dans la douleur, dans la colère n'aboutit à rien de bon. Ni pour le lecteur, ni pour l'enfant.

Toutefois, il y a un positionnement du professionnel qui ne peut pas à lui tout seul décider de ce qui est bon ou pas pour les enfants en matière de livre. Nous ne sommes pas sur des critères quantifiables, sur des paramètres de sécurité où suite à une formation on sait ce qui est autorisé ou pas.

En crèche tout comme en garde à domicile, il me semble que nos convictions personnelles doivent être mises de côté et notre offre culturelle se doit d'être aussi ouverte que possible.

Nous naviguons donc sur ces eaux troubles où se côtoient notre devoir de neutralité, notre devoir de proposer un choix vaste et diversifié à des enfants en construction et nos convictions personnelles parfois mises à mal.

Dans ce que m'a dit cette professionnelle, je peux entendre qu'elle ne se voyait pas lire ces albums, mais j'ai du mal avec son refus d'avoir ces livres dans sa bibliothèque et son déni devant l'intérêt de tels ouvrages.

Alors je l'ai rassurée sur sa possibilité de ne pas tout lire, je lui ai conseillé de discuter avec les parents dont elle a les enfants en garde mais je lui ai aussi dit que ces albums reflètent une réalité qui ne lui plait peut être pas mais qui est là et que tout l'intérêt de la littérature jeunesse c'est de nous montrer le monde dans lequel nous vivons.

Nous ne nous sommes pas quittées amies, mais c'est pas le but de ces ateliers, mais nous ne nous sommes pas quittées fachées non plus.
Ces moments d'échange, de médiation servent à ça, à nuancer les propos, à expliquer des positionnements, à aider à faire les pas de côté.
Pour les équipes professionnelles comme pour moi.

 

 

 

 

 

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